Quand la variété rencontre la génétique malicieuse, ça donne les Dassin : Joe, Jack, William et Averel. Quatre frères, une seule voix, et beaucoup trop de pattes d’eph’ pour un seul plateau télé.
Une naissance collective sous le signe du yéyé 🍼🎶
C’est dans un hôpital parisien survolté un soir de pleine lune et de vinyle rayé que les Dassin virent le jour. D’abord Joe, le chef de file, puis Jack, le cérébral ; William, le charmeur, et enfin Averel, qui chantait faux mais fort. La maternité crut d’abord à une panne de lumière ou à un effet Larsen : quatre bébés, une seule coupe mulet.
Elevés dans le culte de la baguette musicale (et de la vraie), ils grandirent à la même vitesse que les playlists de RTL2. Leur père, Jules Dassin, réalisateur, voulait en faire des acteurs ; leur mère, elle, priait pour qu’au moins un d’entre eux sache compter jusqu’à huit.
Spoiler : aucun ne dépassera quatre.
L’Amérique, l’Amérique… mais version multi-pack 🇺🇸🧳
Comme Joe, ils rêvaient de l’Amérique. Mais n’ayant pas les moyens de se payer quatre billets, ils s’en contentèrent d’un seul… qu’ils partagèrent à tour de rôle, en grimpant dans une valise à tour de rôle.
À New York, ils se produisent d’abord sous le nom des 4D, un clin d’œil à leur nom mais aussi au fait qu’ils ont autant de profondeur qu’une chanson de l’Eurovision 1983. Leur premier succès : Les Champs Élysées en Segway, une reprise disco-futuriste de l’originale. S’enchaînent ensuite :
- Et si tu n’existais pas, je serais trois (ballade polyphonique à mi-chemin entre déclaration d’amour et problème de logarithme)
- L’été indien mais à quatre (version chorale avec projection holographique de Brigitte Bardot)
- Siffler sur la colline, mais en harmonie inversée (concept musical incompris, même d’eux-mêmes)
Une carrière en jeans et en stéréo 👖🎤
Vêtus de jeans moulants identiques (seule leur taille changeait, du XS au XL), ils arpentaient les plateaux TV comme on descend une piste de curling : en glissant, en hurlant, et avec une forte odeur de paillettes.
Joe, évidemment, chantait devant. Jack réglait la tonalité. William flirtait avec la maquilleuse. Averel tentait encore d’entrer dans le micro par l’arrière.
Leur devise ? “Un Dassin, c’est bien. Quatre, c’est trop, mais on n’a pas su choisir.”
Quand les Dalton rencontrent les Platters 🕵️🎵
Leur ressemblance frappante, leur coiffure uniforme et leur manie de chanter “en file indienne” leur valurent rapidement le surnom de Dalton de la chanson française. On raconte même qu’une fois, lors d’un passage à l’Olympia, Lucky Luke aurait tiré en l’air, pensant assister à un braquage synchronisé.
Le groupe devint culte, non pour la qualité des voix (très approximative) mais pour leur gestion du playback : chacun mimait une piste différente, créant des performances aussi fascinantes qu’inintelligibles.
En 1978, lors d’un show en direct sur Antenne 2, Averel mange accidentellement le micro. Ce moment, devenu culte, inspirera un épisode de “L’Île aux enfants”.
Une séparation tragique… ou plutôt logistique 📦🧍🧍🧍
En 1980, les Quatruplés Dassin se séparent, non pas à cause de conflits artistiques, mais car la SNCF refusait désormais de leur vendre un seul billet pour quatre. Joe tente une carrière solo, mais découvre que sans ses frères, sa voix devient aiguë. Jack se reconvertit en arrangeur pour Mireille Mathieu, William ouvre une boutique de jeans à Ajaccio, et Averel… eh bien, on ne sait toujours pas.
Le dernier hommage aura lieu en 2001 avec la sortie de la compilation “Les 4 Fantastiques de la variétoche”, où l’on retrouve leurs plus grandes reprises :
- L’Amérique remixée par Gilbert Montagné,
- Salut les câlins,
- et La Fleur aux dents de lait.
Héritage génétique et musical 🧬🎼
Aujourd’hui, leur influence se fait encore sentir : les Kids United ont tenté de les imiter mais ont échoué, faute de cheveux. Un spectacle hommage “Dassin contre Dassin : le duel des voix” se tient chaque année à Bercy avec des sosies en mousse.
Et comme le dit le proverbe qu’ils n’ont jamais écrit :
“Un Dassin, c’est un sourire. Quatre Dassin, c’est un rire nerveux.”
Qui était vraiment Joe Dassin ?
Joe Dassin, né le 5 novembre 1938 à New York et mort le 20 août 1980 à Papeete (Tahiti), était un chanteur, auteur-compositeur et interprète franco-américain. Fils du réalisateur américain Jules Dassin, il grandit entre les États-Unis et la France, influencé par les deux cultures. Diplômé en ethnologie, il se lance dans la musique au début des années 1960.
Il connaît un immense succès en France et à l’international avec des titres phares comme Les Champs-Élysées, L’Été indien, Et si tu n’existais pas, Siffler sur la colline, ou encore À toi. Sa musique, souvent teintée de romantisme, de mélancolie ou de nostalgie, séduit un très large public.
Dassin est l’un des premiers artistes français à adopter un style de variété « américanisé », avec une production soignée et des orchestrations riches. Il fut également l’un des premiers chanteurs français à enregistrer des clips musicaux.
Il meurt tragiquement à 41 ans, des suites d’un infarctus, alors qu’il est en vacances à Tahiti. Sa disparition laisse un grand vide dans le paysage musical francophone, où il reste une figure emblématique des années 1970.